Plusieurs des études proposées dans les pages du site Savoir et croire .ca découlent de progrès réalisés au fil des ans et résultent d’une combinaison de succès et d’échecs dans mes tentatives de comprendre et d’appliquer à ma vie ce que les Écritures enseignent.
Je pense, par exemple, à l’homélie intitulée Suivre Pierre… suivre Christ (mp3) ou je pouvais si facilement m’identifier aux échecs de l’apôtre Pierre, lequel, après s’être repenti et avoir accepté le pardon de Christ, a continué à le suivre et à le servir. Je pense encore au message intitulé En Christ, nous sommes libres ! Le sommes-nous ? (mp3) où la liberté était explorée à travers l’épître aux Romains mais illustrée par mon parcours de vie.
Au moment d’aborder la question de Vivre dans la confiance en l’amour de Dieu (mp3), j’avais l’impression de faire une découverte plutôt que de travailler en territoire connu, même si, en y réfléchissant par la suite, je parvins, ici aussi, à me souvenir de succès et d’échecs jalonnant un parcours de longue durée dans la croissance sur la voie de l’amour.
C’est malgré tout sous un angle nouveau que j’ai l’impression d’aborder ce thème ancien : « Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu nous porte et nous y avons cru » (1 Jean 4:16, BDS)*. Cela peut aussi être traduit par « Nous savons combien Dieu nous aime et nous avons placé notre confiance en son amour » (1 Jean 4:16, ma traduction)**.
Trois questions à se poser pour apprendre à vivre dans la confiance en l’amour de Dieu : Qu’est-ce que cela veut dire ? Quels en sont les effets ? Comment peut-on y parvenir ?
Table des matières
1. Que veut dire vivre dans la confiance en l’amour de Dieu ?
J’expliquerai ici d’où je tire cette notion de vivre dans la confiance en l’amour de Dieu.
Pour ce faire (1.1), je résumerai le parcours conduisant à ma traduction de 1 Jean 4:16 et (1.2) donnerai un aperçu de l’effet sur moi de cette façon de comprendre ce passage, puis (1.3) établirai en quoi cela nous concerne tous. Cette démarche ayant peu à peu illustré ou établi en quoi consiste vivre dans la confiance en l’amour de Dieu, nous serons ainsi prêt à soulever de façon plus directe à cet égard la question (1.4) de quoi parlons-nous au juste?
1.1. Parcours conduisant à ma traduction du texte de 1 Jean 4:16
C’est à la lecture de 1 Jean 4:16 dans la Nueva Traducción Viviente que s’est imposé à moi le thème de la présente étude : vivre dans la confiance en l’amour de Dieu. L’on s’éloigne légèrement de la forme un peu plus proche du grec original des traductions Segond, « Nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru » (Seg 21, Colombe, NEG), ou « Nous connaissons l’amour que Dieu a pour nous, et nous l’avons cru » (NBS).
Ce léger éloignement des traductions plus littérales est-il légitime ? L’on passe d’une approche qui décrit clairement un état de fait « nous avons connu l’amour de Dieu » pour envisager son effet dynamique. Le « Nous connaissons l’amour de Dieu » de la Nouvelle Bible Segond (NBS) nous invite déjà à faire ce lien. C’est comme si l’on disait : Nous avons connu l’amour de Dieu et nous y sommes restés attachés. C’est moins proche de la langue grecque originale dans laquelle a été écrit l’épître de Jean, mais le sens demeure juste et il est rendu plus explicite quant à sa portée effective dans nos vies aujourd’hui.
C’est un peu la même chose qui se produit pour les traductions proposées pour l’ensemble de 1 Jean 4:16 où l’on passe de « Nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru » (Seg21, Colombe, NEG) à « Nosotros sabemos cuánto nos ama Dios y hemos puesto nuestra confianza en su amor » (NTV) ou à « We know how much God loves us, and we have put our trust in his love » (NLT), d’où je tire le français : « Nous savons combien Dieu nous aime et nous avons placé notre confiance en son amour » (ma trad.).
1.2. Effet sur moi de la traduction de 1 Jean 4:16 expliquée ci-dessus
En lisant la traduction espagnole dont je propose l’équivalent français « Nous savons combien Dieu nous aime et nous avons placé notre confiance en son amour » (ma trad.), j’ai soudain été frappé par cette idée qu’il est impossible pour nous d’aimer comme Jean nous y invite si nous ne sommes pas ancrés dans cette position de confiance en l’amour de Dieu. Bref, notre confiance en l’amour que Dieu a envers nous et envers ceux qui nous tiennent à cœur se situe à la base de toute capacité d’agir dans l’amour comme Dieu le demande.
C’est ainsi que j’en suis venu à me dire que de vivre dans la confiance en l’amour que Dieu a envers nous, envers nos êtres chers et envers tous ceux que nous côtoyons est une condition essentielle afin de pouvoir devenir capable d’aimer tous ceux qui nous entourent.
Plus je réfléchissais à cette idée, plus il me semblait y trouver la clé nécessaire pour déverrouiller l’énergie d’aimer dans des situations concrètes. Par exemple, au moment où une situation m’angoissait parce que je craignais que le comportement d’un de mes proches n’ait une conséquence embarrassante pour moi, je me suis rappelé que Dieu aime tout autant cette personne proche de moi qu’il m’aime moi-même. Faire confiance en l’amour de Dieu pour moi et pour les miens m’a fortifié pour agir dans l’amour malgré la situation qui ne me convenait pas. Effet direct : je suis resté centré sur la relation avec cette autre personne plutôt que de me mettre à ventiler mes angoisses ou à critiquer. Plus tard, lorsque la situation s’y prêtait, j’ai traité avec calme et amour la situation en cause.
Or, cette situation précise et quelques autres du même genre m’ont confirmé dans l’idée qu’au fond, même si ce que j’avais à écrire pour le présent article n’était ni nouveau ni original; pour moi, il l’était – par la puissance qu’il revêt pour m’aider à agir avec amour dans des situations de vie concrètes où je pourrais facilement perdre cela de vue.
1.3. En quoi cela nous concerne-t-il tous ?
Placer notre confiance en l’amour de Dieu pour nous et apprendre à vivre dans la confiance en son amour pour nous et pour tous les nôtres – en quoi cela nous concerne-t-il tous ?
La foi, l’obéissance et l’amour sont trois thèmes dominants des épîtres de Jean. Ils sont tous trois présentés comme des indications permettant de déterminer si nous sommes ou ne sommes pas des chrétiens authentiques. Si quelqu’un ne croit pas que le Christ se soit fait homme et soit mort pour que nous ayons la vie éternelle, il n’est pas chrétien. Si quelqu’un admet l’incarnation, mais n’obéit pas à Dieu, il n’est pas chrétien. Si quelqu’un dit croire au Fils et lui obéir, mais n’aime pas les autres chrétiens, il n’est pas chrétien.
Il est donc vital pour chacun de réfléchir à sa propre vie en fonction des enseignements proposés par Jean sur l’amour parce qu’il s’agit de l’indice ultime de notre authenticité.
1.4. De quoi parlons-nous au juste?
Que veut dire placer notre confiance en l’amour de Dieu ? et vivre dans la confiance en son amour pour nous et pour ceux que nous aimons ? Je crois avoir répondu en partie à ces questions à travers le résumé du parcours conduisant à ma traduction de 1 Jean 4:16 (1.1), de l’effet sur moi de la lecture de 1 Jean 4:16 tenant compte de cette traduction (1.2), et de l’importance de cette question pour toute personne humaine se percevant comme chrétienne (1.3). Que pourrait-il encore rester à dire concernant cette question ?
Faire confiance en l’amour de Dieu envers nous et envers les nôtres nécessite et implique la reconnaissance que Dieu n’est pas en train de faire une petite sieste de retraité assis sur son trône quelque part dans une galaxie loin de chez nous. Il n’est pas non plus endormi dans une barque alors que la tempête fait rage autour de nous qui le croyons ensommeillé.
Placer notre confiance en l’amour de Dieu et vivre dans la confiance en cet amour implique la reconnaissance qu’Il règne activement sur nos vies et sur l’univers tout entier, malgré les circonstances que nous traversons individuellement ou collectivement.
Il est la vie (1 Jean 1:1-2; 5:11-12, 20).
Il est la lumière (1 Jean 1:5).
Il est le Sauveur du monde (1 Jean 1:7; 2:2; 4:14; Apc 1:5).
Il est notre Défenseur (1 Jean 2:1).
Il est plus grand que notre coeur et il connaît tout (1 Jean 3:20).
Il est plus puissant que celui qui inspire ce monde (1 Jean 4:4).
Il est amour (1 Jean 4:8, 16).
Il nous écoute (1 Jean 5:14-15).
Il nous protège (1 Jean 5:18).
Il est le Dieu véritable (1 Jean 5:20).
Ce Dieu véritable nous protège, nous écoute, nous aime, nous sauve, nous éclaire, et vit en nous. Ce Dieu véritable écoute, protège, aime, éclaire et sauve tous ceux qui s’approchent de Lui avec foi pour obtenir le pardon de leurs péchés et la vie éternelle. Ce Dieu véritable est celui qui écoute et répond aux prières que nous lui adressons. Il est le Tout-Puissant !
2. Quels sont les effets de vivre dans la confiance en cet amour ?
Sachant que Dieu est Dieu et qu’à ce titre rien ne lui échappe, sachant aussi que Dieu nous aime et qu’il aime tous ceux que nous aimons ou que nous côtoyons est très rassurant. Deux effets en découlent directement : notre amour les uns pour les autres (2.1) et notre assurance devant Dieu (2.2).
2.1. Notre amour les uns envers les autres
Vivre dans la confiance en cet amour de Dieu pour nous et pour les nôtres constitue, nous l’avons dit, un fondement sans lequel il n’est pas possible pour nous d’aimer. C’est donc là le premier bénéfice d’une telle attitude de confiance : la capacité d’aimer ceux qui nous entourent même lorsque les circonstances ou leur attitude n’aident vraiment pas !
Lisons ensemble quelques passages de la première épître de Jean susceptibles d’alimenter notre réflexion concernant l’amour des chrétiens les uns envers les autres.
1 Jean 2:7-11 et son contexte de 1 Jean 1:5-7
1 Jean 2:7-11 (voir ci-dessous), nous rappelle que l’amour des chrétiens les uns pour les autres fait partie intégrante du message central de l’Évangile annoncé dès le début par Jésus Christ et par ses apôtres. Observez en effet comment ce passage entier sur l’amour des chrétiens les uns envers les autres (v. 7-11) s’appuie sur le message initial (v. 7) :
« Mes chers amis, ce n’est pas un commandement nouveau que je vous écris : il s’agit d’un commandement ancien que vous avez reçu dès le commencement, et ce commandement ancien, c’est le message que vous avez entendu. Mais en même temps, c’est un commandement nouveau que je vous écris : sa nouveauté se manifeste vraiment en Christ et en vous, car les ténèbres se dissipent et la lumière véritable brille déjà. Celui qui prétend être dans la lumière tout en détestant son frère, est encore dans les ténèbres. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière, et par conséquent il est dans la lumière, aucun obstacle ne risque de le faire tomber. Mais celui qui déteste son frère est dans les ténèbres : il marche dans les ténèbres sans savoir où il va, parce que les ténèbres l’ont rendu aveugle » (1 Jean 2:7-11).
Je préciserais que – à mon avis – les chrétiens dont il est question ici sont tout autant ceux qui existent sur la planète tout entière que ceux que nous côtoyons dans nos familles, dans nos églises, à l’école, à l’université, dans nos milieux de travail et dans les organismes ou organisations de toute nature et de tout ordre auxquels nous sommes appelés à participer.
Or, remarquez ici (1 Jean 2:7-11) comment Jean applique, à l’amour mutuel des chrétiens, le contraste entre lumière et ténèbres, associé précédemment (1 Jean 1:5-7) à la vie d’obéissance à Dieu qui caractérise celui qui est en communion avec Christ :
« Voici le message que nous avons entendu de Jésus-Christ et que nous vous annonçons : Dieu est lumière et il n’y a aucune trace de ténèbres en lui. Si nous prétendons être en communion avec lui, tout en vivant dans les ténèbres, nous sommes des menteurs et nous n’agissons pas comme la vérité l’exige de nous. Mais si nous vivons dans la lumière, tout comme Dieu lui-même est dans la lumière, alors nous sommes en communion les uns avec les autres et, parce que Jésus, son Fils, a versé son sang, nous sommes purifiés de tout péché » (1 Jean 1 :5-7).
Or, qu’arrive-t-il si nous cessons d’obéir à ce message de Jésus-Christ et de ses apôtres dont l’amour les uns envers les autres est l’une des manifestations essentielles ? Nous marchons dans les ténèbres, nous dit 1 Jean 1:5-7, et ces ténèbres, précise 1 Jean 2:7-11, nous privent de la capacité de voir à un point tel que c’est comme si nous devenions aveugles : « […] celui qui déteste son frère est dans les ténèbres : il marche dans les ténèbres sans savoir où il va, parce que les ténèbres l’ont rendu aveugle » (1 Jean 2:11).
Mais, quelqu’un dira peut-être que Jean ici ne dit pas que l’on devient aveugle si l’on n’aime pas son frère, mais seulement si nous le détestons. Peut-être pourrions-nous voir la chose ainsi : lorsque nous manquons d’amour ou manifestons de l’indifférence vis-à-vis nos frères, nous marchons dans une ambiance de ténèbres plutôt qu’entouré de lumière; lorsque cette indifférence et ces manquements à l’amour se transforment en haine, c’est comme si nous perdions alors jusqu’à la capacité de voir même si nous ouvrions les yeux.
Je me suis rendu compte en réfléchissant à la présente étude que ma confiance en l’amour que Dieu a envers moi et envers tous les chrétiens qui m’entourent est un fondement essentiel sans lequel il m’est impossible d’aimer les autres chrétiens. Il est rassurant de savoir que Dieu agit personnellement dans la vie de tous ceux qui Lui appartiennent. Dieu sait ce que chacun a besoin pour les mener à vouloir vivre en communion avec Lui. Il sait comment nous guider et guider vers Lui ceux que nous aimons. Soyons-en assurés !
1 Jean 4:7-8, 11-12, 20-21 en contexte de 1 Jean 3:10-18, 23 et de 1 Jean 5:1-5, 16
Avant d’examiner ce que nous apprend 1 Jean 4 concernant l’amour, j’aimerais résumer ce qui se trouve ailleurs dans la première épître de Jean et dont nous n’avons rien dit encore.
En 1 Jean 3, la haine de Caïn empreinte de jalousie contraste à l’amour mutuel vers lequel Christ nous dirige. Toujours en 1 Jean 3, l’indifférence envers des frères dans le besoin contraste avec l’amour les uns envers les autres fondée en Dieu. Mario Banville résume 1 Jean 3 ainsi : « Tel père, tel fils » (mp3). Ce message biblique nous aide par ailleurs à cesser de prendre pour de la ferveur envers Dieu les attitudes méprisantes contre ceux dont les manières de vivre ou de penser s’opposent aux nôtres. Il nous rappelle aussi qu’une vie caractérisée par la culpabilité pour nos échecs spirituels ou, pire, pour les échecs spirituels des autres, n’est pas la vie de foi en Christ enseignée par l’apôtre Jean.
La contribution de 1 Jean 5:1-5, 16 à la compréhension de 1 Jean 4 porte principalement sur les deux aspects suivants, en lien direct avec ce que je viens de dire pour résumer les éléments présentés à la fin du message de Mario Banville sur 1 Jean 3 : d’abord, agir par amour envers les chrétiens n’est pas pénible (1 Jean 5:3); ensuite, l’on n’est pas invité à porter les péchés de ceux qui vivent en contradiction avec ce que Dieu enseigne, mais à prier pour eux, et ce dans le cadre de certaines limites (1 Jean 5:16-17). La nature des limites mentionnées par Jean se situe en dehors de la portée de cette étude, mais – à mon avis – elles nous invitent à ne pas porter la planète sur nos seules épaules, mais à placer notre confiance en l’amour de Dieu envers toute personne quoi qu’elle fasse.
Venons-en donc maintenant à 1 Jean 4:7-8; 11-12; 20-21 :
« Mes chers amis, aimons-nous les uns les autres, car l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et il connaît Dieu. Qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour » (1 Jean 4:7-8).
« Mes chers amis, puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour se manifeste pleinement parmi nous » (1 Jean 4:11-12).
« Si quelqu’un prétend aimer Dieu tout en détestant son frère, c’est un menteur. Car s’il n’aime pas son frère qu’il voit, il ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas. D’ailleurs, le Christ lui-même nous a donné ce commandement : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère » (1 Jean 4:20-21).
Dans la mesure où j’aurai appris à vivre ma vie dans la confiance en l’amour que Dieu a envers moi ainsi que dans l’amour que Dieu a envers tous les chrétiens autour de moi, il devient plus facile et plus naturel de respecter ce que Dieu me demande ici à leur égard. Mais dans la mesure où j’ai tendance à porter une partie du poids de leur faute envers moi, envers des personnes que j’aime, envers l’Église ou envers le monde en général, cela constituera un obstacle faisant obstruction à ma capacité d’agir avec amour envers eux.
Sous cet angle là, l’un des effets liés à notre choix de vivre notre vie dans la confiance en l’amour de Dieu envers nous et envers les nôtres est une habilitation naturelle à les aimer.
2.2. Notre assurance devant Dieu
Deux aspects de notre assurance devant Dieu découlent de notre choix de vivre notre vie dans la confiance en l’amour de Dieu : d’abord, l’assurance subjective et spirituelle dans notre conscience que nous plaisons et appartenons à Dieu; ensuite, l’assurance que celui en qui nous nous confions entend nos prières, les écoute et agit à leur égard selon un plan si magnifique que nous ne pouvons pas même commencer à nous l’imaginer vraiment.
Ces deux aspects de notre assurance devant le Dieu en l’amour duquel nous nous confions sont liées entre elles et découlent de la confiance que nous plaçons en l’amour de Dieu pour nous, pour tous ceux que nous aimons et pour chaque personne que nous connaissons.
Notre assurance que nous plaisons à Dieu et serons avec Lui pour l’éternité découle non pas d’une décision que nous aurions prise de suivre le Seigneur et de lui céder notre vie dans une circonstance ou à une date précise du passée, mais plutôt de la réalité durable, présente et quotidienne qui consiste à vivre dans la confiance en son amour pour nous.
C’est ici que « les bottines doivent suivre les babines » , comme disait Mario Banville dans son message « Tel Père, Tel Fils » sur 1 Jean 3. C’est ici aussi que s’inscrit la différence entre un fan télévisuel du hockey et un joueur sur la glace avec les membres de son équipe. Notre conversion exprimée par les « babines » doit être confirmée par nos « bottines ».
Or, cette confiance en l’amour de Dieu pour nous est au cœur de notre capacité d’obéir aux commandements que Christ nous a laissés, ce qui commence par celui de nous aimer mutuellement. Puis, nous dit Jean, cette capacité d’obéir et d’aimer contribue à nous confirmer à nos propres yeux, d’une part, que nous aimons Dieu de manière authentique et que nous serons avec Lui. Cela fait également partie de ce que Dieu utilise dans nos vies pour nous donner l’assurance que Dieu entend nos prières et y répond.
Se pourrait-il que nous venions d’identifier quelque chose comme la pyramide de la confiance en Dieu, par analogie avec la pyramide des besoins, ou pyramide de Maslow ? Ce chercheur a découvert par l’observation que les êtres humains fonctionnent selon un certain ordre de priorité dans la satisfaction de leurs besoins : d’abord les besoins physiologiques, ensuite les besoins de sécurité, puis d’amour, puis de réalisation de soi.
La pyramide de la confiance en Dieu, ou pyramide de l’apôtre Jean, ne nous inviterait-elle pas à penser qu’en matière de foi chrétienne tout commence par (1) notre confiance en l’amour que Dieu a pour nous et pour les nôtres, de laquelle découle (2) notre désir d’obéir à Dieu et de nous aimer mutuellement, suivi de (3) notre capacité d’y parvenir, puis (4) notre assurance que nous lui appartenons et qu’il écoute et répond à nos prières ?
Cette pyramide de la confiance en Dieu, ou pyramide de notre assurance devant Dieu, me paraît défendable à l’aide de ce que nous lisons en 1 Jean 4:15-19 et en 1 Jean 3:16-23 :
« Si quelqu’un reconnaît que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu. Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu nous porte et nous y avons cru. Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. Et voici pourquoi l’amour se manifeste pleinement parmi nous : c’est pour que nous ayons une entière assurance au jour du jugement, d’autant plus que notre situation dans ce monde est celle que le Christ a connu lui-même. Dans l’amour, il n’y a pas de place pour la crainte, car l’amour véritable chasse toute crainte. En effet, la crainte suppose la perspective d’un châtiment. L’amour de celui qui vit dans la crainte n’est pas encore parvenu à sa pleine maturité. Quant à nous, nous aimons parce que Dieu nous a aimés le premier » (1 Jean 4:15-19).
Tournons-nous vers 1 Jean 3:16-23, passage qui abonde dans le même sens que le précédent. Observez la correspondance entre la dernière phrase de l’extrait précédent, « nous aimons parce que Dieu nous a aimés le premier » (1 Jean 4:19b), et le tout début de l’extrait de 1 Jean 3:16-23 que voici :
« Voyez comment nous savons ce que c’est que d’aimer : Jésus-Christ a donné sa vie pour nous. Nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères. Si un homme riche voit son frère dans le besoin et lui ferme son cœur, l’amour de Dieu ne peut être présent en lui. Mes enfants, que notre amour ne se limite pas à des discours et à de belles paroles, mais qu’il se traduise par des actes accomplis dans la vérité. C’est ainsi que nous saurons que nous appartenons à la vérité, et nous rassurerons nos cœurs devant Dieu, si notre cœur nous condamne d’une manière ou d’une autre; car Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît tout. Mes chers amis, si notre cœur ne nous condamne pas, nous sommes pleins d’assurance devant Dieu. Il nous donne tout ce que nous lui demandons, parce que nous obéissons à ses commandements et que nous faisons ce qui lui plaît. Or, que nous commande-t-il ? De placer notre confiance en son Fils Jésus-Christ et de nous aimer les uns les autres, comme il nous l’a lui-même prescrit ».
Nous venons de considérer les effets de vivre dans la confiance en l’amour de Dieu, illustrant ceux-ci par une pyramide de notre assurance devant Dieu dont le fondement présenté jusqu’ici est notre confiance en l’amour que Dieu a pour nous et pour les nôtres. Nous pourrions dire que nous avons considéré quelques aspects subjectifs et personnels capables de susciter la motivation qui parfois nous manque pour nous mobiliser vers une action concrète d’obéissance envers Dieu et d’amour envers nos frères et sœurs.
Si nous persistons à considérer toutes les dynamiques relationnelles dans lesquelles nous sommes engagés selon la perspective englobante de l’amour de Dieu envers tous, ce n’est pas l’effort acharné, ni la détermination sans faille qui dominera notre démarche (1 Jn 5:3). Au contraire, notre conduite d’obéissance envers Dieu et d’amour mutuel entre chrétiens s’installera peu à peu comme l’expression de notre véritable nature (1 Jn 5:1-5). En effet, comme il est écrit : « ses commandements ne sont pas pénibles » (1 Jean 5: 3, NEG).
C’est seulement après avoir exprimé tout cela qu’à la fin de son épître, Jean ajoute :
« Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu » (1 Jean 5:13, NEG).
Notre assurance du salut enseignée par 1 Jean 5:13 passe ainsi d’un savoir accepté comme vrai au plan cognitif à un savoir confirmé par l’expression tangible de notre vie en Dieu. L’assurance cognitive que nous avons la vie éternelle est validée par notre façon de vivre et par l’Esprit qui agit dans nos cœurs tour à tour pour nous redresser et pour nous rassurer.
Mais, il reste un sujet important à traiter pour parachever ce qui précède et être en mesure d’avoir accès à ce que nous venons de présenter comme l’effet de vivre dans la confiance en l’amour de Dieu. Si la parole de sagesse populaire « tel père tel fils » s’applique bel et bien à notre situation d’enfants de Dieu – et elle s’applique effectivement – cela ne nous dispense pas de nous demander comment dans les faits parvenir à vivre ainsi.
3. Comment vivre dans la confiance en l’amour de Dieu ?
Il y a trois conditions essentielles sans lesquelles il est impossible à qui que ce soit de vivre dans la confiance en l’amour de Dieu : (1) l’Esprit; (2) l’écoute; (3) la réception.
3.1. La présence de l’Esprit de Dieu en nous et notre choix de vivre selon l’Esprit
Le point de départ de tout ce qui précède et de tout ce qui suit dans la présente étude est le passage de la mort à la vie qui consiste à dépasser le stade d’être une personne humaine avec toute la dignité et la beauté que cela représente parce que nous venons tous de Dieu. Ce dépassement implique passer de la vie naturelle à la vie qui nous vient de l’Esprit :
« Les hommes livrés à eux-mêmes ne sauraient plaire à Dieu. Vous, au contraire, vous n’êtes pas livrés à vous-mêmes, mais vous dépendez de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il ne lui appartient pas » (Romains 8:8-9).
Bref, le point de départ de la vie chrétienne est de naître de l’Esprit (Jean 3), dit Jésus dans un entretien secret avec Nicodème, une personne qui maîtrisait pourtant les Écritures.
C’est pourquoi, sans l’Esprit en nous, rien de ce qui est demandé au chrétien ni aucune des promesses qui leur sont faites ne peut être accessible. Cela est vrai, par exemple, concernant la force motrice intérieure qui nous pousse à poser des actes d’amour :
« Et il nous a appris de quel amour l’Esprit vous inspire » (Col 1:8, BDS) [ou, «vous anime», selon Seg 21, NBS, NEG], écrit Paul, suite aux nouvelles reçues d’Epaphras concernant les chrétiens de l’Église à Colosse.
D’ailleurs, c’est l’Esprit en nous qui est à la base des transformations profondes auxquelles nous sommes invités par la fréquentation assidue au message de Jésus et des apôtres :
« Le fruit de l’Esprit c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, l’amabilité, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi » (Gal 5:22, BDS), écrit encore Paul aux Églises de la Galatie.
Il en est également ainsi pour l’assurance d’appartenir à Dieu dont nous avons parlé précédemment comme de l’un des effets de notre confiance en l’amour de Dieu. Cette assurance est le fruit du travail de l’Esprit de Dieu en nous :
« L’Esprit lui-même rend témoignage à notre Esprit que nous sommes enfants de Dieu » (Romains 8:16, Seg 21).
« Celui qui obéit à ses commandements demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. Et à quoi reconnaissons-nous qu’il demeure en nous ? A l’Esprit qu’il nous a donné » (1 Jean 3:24, BDS).
La présence de l’Esprit en nous et son travail dans notre vie sont indispensables non seulement à la transformation intérieure et extérieure de notre personne, mais également pour acquérir une compréhension salvifique de ce que Dieu enseigne dans sa Parole. Je réserve le traitement de cet aspect du rôle de l’Esprit dans nos vies à la sous-section suivante où il sera question de l’importance vitale de se mettre et de demeurer à l’écoute du message apostolique si nous voulons pouvoir vivre dans la confiance en l’amour de Dieu.
3.2. L’écoute du message apostolique
Voici deux extraits de 1 Jean qui supposent que l’on se mette et que l’on demeure à l’écoute du message apostolique, sinon comment pourrions-nous y rester attachés ?
« Tenez-vous soigneusement à l’enseignement que vous avez reçu dès le commencement » (1 Jean 2:24).
« Restez donc attachés à cet enseignement tel que vous l’avez reçu de l’Esprit » (1 Jean 2:27).
Le contexte des deux extraits qui précèdent est le même que ce que nous trouvons en 1 Jean 4:1-6 : des personnes niaient que le Christ s’était fait homme; elles s’opposaient à l’enseignement des apôtres concernant le fait que Jésus soit mort pour notre salut. La façon dont il convient de se prémunir contre ce genre de problème ou contre toute autre distorsion de l’Évangile est de demeurer à l’écoute des apôtres et témoins (1 Jean 4:6).
Pour un traitement plus détaillé de cette dimension ancrée en 1 Jean 4:1-6, mais puisant également ailleurs dans les Écritures, voir Comment sait-on si l’on a la vie éternelle ?, «1. Première condition : se mettre et demeurer à l’écoute du message des apôtres».
Le « nous » dans l’expression de Jean « celui qui connaît Dieu nous écoute » ( 1 Jean 4:6) parle des porteurs de « l’enseignement […] reçu dès le commencement » (1 Jean 2:24) dont le cercle restreint des premiers apôtres du Seigneur et Jean faisaient partie. Jean invite ici ses auditeurs à demeurer à l’écoute du message apostolique. Or ce message a été transmis jusqu’à nous de manière fiable dans les textes du Nouveau Testament. Pierre disait : « Seigneur, à qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6:68) ?
Quand nous venons à la parole dans le but de rencontrer Dieu, nous faisons comme les disciples lorsqu’ils le suivaient; ils cherchaient à entendre son enseignement. Aujourd’hui, nous demeurons à l’écoute du message apostolique pour nous approcher de Christ. En cela nous nous inscrivons dans la lignée de ceux qui respectaient le commandement de Moïse :
« Ecoute, Israël, l’Éternel est notre Dieu, il est le seul Éternel. Tu aimeras l’Éternel ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force. Que ces commandements que je te donne aujourd’hui restent gravés dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants et tu en parleras chez toi dans ta maison, et quand tu marcheras sur la route, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras » (Deutéronome 6:4-7).
Bien sûr, garder la parole dans notre cœur et la transmettre à nos enfants comme l’enseigne Moïse dans le passage que nous venons de lire et dans son contexte, a pour but que nous connaissions Dieu de mieux en mieux, et l’amour qu’Il a pour nous; comme aussi cela implique que nous cherchions à lui plaire en obéissant à ce que dit cette divine parole. Écoutons à cet égard ce que disait Jésus À l’église de Philadelphie « Je connais ta conduite. Voici : j’ai ouvert devant toi une porte que nul ne peut fermer. Je le sais : tu n’as que peu de puissance, tu as obéi à ma Parole et tu ne m’as pas renié » (Apocalypse 3:8).
3.3. La réception du salut de Dieu offert en Jésus-Christ
Lisons deux passages de 1 Jean 4:7-15 concernant directement notre accès au salut :
1 Jean 4:9-10 :
L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés.
1 Jean 4:14 :
Et nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé le Fils comme Sauveur du monde.
C’est sur cette pierre d’angle que repose notre capacité de vivre dans la confiance en l’amour de Dieu pour nous et pour les nôtres. La réalité objective et historique de la mort et de la résurrection de Christ pour nos péchés et pour ceux du monde entier constitue le fondement de tout ce qui relève d’une vie de confiance dans l’amour de Dieu.
Pour un traitement plus spécifique sur la réception du salut selon 1 Jean 4:7-11, en lien à Jean 3 et à quelques autres passages, voir Comment sait-on si l’on a la vie éternelle ? ,
« 2. Deuxième condition : s’approprier, par l’Esprit, l’amour de Dieu, en Jésus-Christ ».
Bien sûr qu’il est possible pour une personne humaine sans Christ d’agir de façon noble et de poser des actes de compassion et d’amour envers ses proches et envers l’humanité. Comme il est également possible pour une personne de se dire qu’elle a été intégrée à la famille de Dieu il y a plusieurs années grâce au rituel du baptême quand elle était bébé ou, plus proche de nous, lorsqu’elle a demandé à Jésus d’entrer dans son coeur il a y 30 ans.
Mais l’apôtre Jean ne nous permet pas d’identifier notre marche avec Dieu à un acte rituel auquel nous aurions participé à une certaine étape de notre vie, ni même à une décision, si sincère eut-elle été, qui remonte à une époque lointaine par rapport à notre vie présente. Si ce que nous pensons être le moment de réception du salut offert en Jésus-Christ dans notre vie ne nous conduit pas à demeurer à l’écoute de la Parole pour y rencontrer Dieu et pour apprendre à vivre comme il nous demande de le faire, il faut revenir à la lecture des écrits de l’apôtre Jean, en cherchant, par la puissance de l’Esprit, à y conformer notre vie.
Si nous lisons 1 Jean 3:14-24, puis 1 Jean 4:7-15, de manière suivie, nous voyons mieux comment cet amour manifesté en Jésus Christ par sa mort est le fondement objectif, subjectif et affectif de notre amour pour autrui et de toute assurance qu’il nous est possible d’acquérir devant Dieu. Ici comme en 1 Jean 3:14-21, la mort de Jésus pour nous est imbriquée aux encouragements à aimer et – en 1 Jn 3 – à rassurer nos cœurs devant Dieu.
Conclusion
Dans cette étude nous avons exploré trois questions à se poser pour apprendre à vivre dans la confiance en l’amour de Dieu : Qu’est-ce que cela veut dire ? Quels en sont les effets ? Comment peut-on y parvenir ? Au terme de cette démarche, il est devenu clair que tout a débuté avec Dieu. Il nous a d’abord aimés. Cet amour s’est manifesté en la mort de Jésus sur la croix pour que nous puissions vivre en Lui et par Lui.
Rien de ce qui se passe dans nos vies, ou dans les vies des personnes qui nous entourent, ne se produit en dehors du cadre de l’amour souverain de Dieu pour tous. Comprendre cette vérité constitue un ancrage pour que nous puissions vivre dans la confiance en Son amour.
C’est en se rattachant à cette compréhension de l’amour de Dieu que nous sommes habilités à aimer ceux que Dieu aime – et aime bien plus que nous. C’est en se rattachant à l’espérance qui est en nous que nous savons faire confiance en Dieu et en son amour envers ceux dont les attitudes ou comportements nous inquiètent, parfois beaucoup.
Notre confiance en l’amour de Dieu est la clé pour que nous sachions le laisser agir, Lui, Dieu, dans les aspects de la vie qui ne relèvent, ni de notre contrôle, ni de notre pouvoir : clé libératrice, pour agir avec amour, dans les sphère d’influence qui nous appartiennent.
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Daniel Garneau, B Th, B Com, MA, le 8 février 2018.
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* Sauf indication contraire, les citations bibliques sont tirées
de la Bible du Semeur, © Société Biblique Internationale, 2000.
** ma traduction de 1 Jn 4:16 inspirée de la NTV et renforcée par la NLT.
– Santa Biblia, Nueva Traducción Viviente (NTV),
© Tyndale House Foundation, 2010 :
« Nosotros sabemos cuánto nos ama Dios y hemos puesto nuestra confianza en su amor »;
– la traduction française intégrée au texte principal du présent article est de moi : « Nous savons combien Dieu nous aime et nous avons placé notre confiance en son amour ».
– Holy Bible, New Living Translation (NLT),
© Tyndale House Foundation, 1996, 2004, 2007 :
« We know how much God loves us, and we have put our trust in his love ».