L’acquisition d’une langue seconde ou étrangère tient une place tout à fait à part dans ma vie d’apprenant. Étant québécois francophone de naissance et d’éducation, c’est à compter de l’âge de dix-huit ans seulement que j’ai amorcé l’acquisition de l’anglais langue seconde. Le fait d’avoir travaillé et fait des études universitaires au Canada anglais m’a permis de développer une certaine maîtrise de cette langue.
J’ai dans ce même contexte du Canada anglais eu l’occasion d’étudier une langue morte, le grec koiné, c’est-à-dire le grec qui se parlait couramment à l’époque où fut écrit le Nouveau Testament. Au terme de mon baccalauréat en théologie, je consultais avec joie et comprenais le texte grec des évangiles et des épîtres dans mon travail d’exégèse et de prédication.
Lorsque plusieurs années plus tard j’ai voulu devenir apte à lire, à parler et à comprendre la langue espagnole, j’ai réfléchi à ma démarche en fonction de mes expériences avec ces deux autres langues non maternelles : l’anglais et le grec. Cinq ans plus tard je me débrouillais assez bien dans cette langue à l’oral comme à l’écrit.
Ma démarche d’acquisition de ces trois langues non maternelles a laissé des traces écrites dont quelques-unes sont publiées sur ce site. La première de ces traces est l’article Apprendre une langue, la clé, c’est vous (pdf).
Mon rapport aux langues a également laissé des traces dont l’original peut être consulté en contexte sur le site Christian Forums . com à l’article no 38 de la discussion Comment apprendre une langue, publié le 22 décembre 2014 et reproduit ci-dessous avec de légers ajustements :
Mon rapport à l’acquisition des langues – quatre fondements :
Premier fondement : ne pas permettre aux circonstances de nous bloquer la voie d’accès à l’acquisition d’une langue.
Quand j’ai étudié le grec du Nouveau Testament, l’on nous a invité à lire l’histoire d’un jeune homme qui vivait en Grande Bretagne au 19e siècle et qui avait réussi à appendre le Grec en lisant son Nouveau Testament. Je ne me souviens pas des détails de cette histoire, mais elle m’a convaincu que l’on peut apprendre une langue même quand les conditions ne sont pas du tout idéales. Soit que notre professeur n’est pas le meilleur au monde, soit que l’on en a tout simplement pas, soit que l’on vit dans un endroit où personne ou presque ne parle la langue que l’on cherche à apprendre.
Second fondement : se mettre en situation concrète pour apprendre et agir concrètement vers la réalisation du projet d’acquisition d’une langue.
Il y a quelques années j’ai eu à cœur d’apprendre l’espagnol. Mais je vis à Québec où très très très peu (muy poco, you got me) de gens parlent cette langue. Malgré tout, j’ai trouvé un club Toastmasters d’expression espagnole à Québec. Je faisais tout en espagnol dans ce club, y compris la lecture pour préparer mes présentations orales, les blagues, les animations de groupe et les lectures pour apprendre comment improviser et participer aux activités. Quand quelqu’un me disait «bonjour» je répondais par les mots espagnols lui demandant de s’exprimer en espagnol et non en français «por favor».
Troisième fondement : travailler avec ce que l’on a sans se laisser freiner par tout ce que l’on a pas.
Pendant quelques années, je devais, dans le cadre de mon travail, assister des spécialistes francophones à produire des analyses technologiques en anglais. Or celui du groupe dont l’anglais était le plus raffiné était également celui qui osait le moins le parler ou l’écrire tellement il avait peur de se tromper.
Par contre, l’un de ceux dont le niveau de langue était le plus faible était aussi l’un de ceux qui se débrouillait parfaitement bien en anglais dans son travail. Il commençait chaque conversation téléphonique avec nos collaborateurs de Toronto ou d’Ottawa en disant «Do you speak French» et attendait la réponse. Quand l’autre disait non, il répondait «Well, I don’t speak English, not really, but if you speak slowly we might be able to ge through this».
Alors, quand j’ai décidé d’apprendre l’espagnol, je ne cherchais même pas à le parler correctement. Je faisais juste de mon mieux. C’est tout. Sans me laisser troubler la moindre seconde des erreurs que je pouvais faire ou ne pas faire. Par exemple, la première fois où j’ai voulu dire «je suis très gêné de parler devant vous en espagnol maintenant» j’ai dit «Estoy embarasada», faux amis de l’anglais, «I am embarassed», et au féminin en plus (la finale en a). Alors tout le monde a éclaté de rire, car je venais de leur dire que j’étais enceinte.
Quatrième fondement : prendre conscience que nous ne sommes pas le seul pour qui cette langue que nous apprenons n’est pas la langue maternelle.
J’ai suivi un cours à distance à la Télé université du Québec qui s’intitulait quelque chose comme «English Varieties throughout the World». Ce cours démontrait que la moitié de gens de la planète qui utilisent l’anglais le font à titre de langue seconde et souvent dans le cadre de leur travail. Ce cours insistait que tout le monde a un accent anglais quand il parle, car tout le monde vient de quelque part. Et il y a toujours bien plus de gens qui viennent d’un autre endroit et peuvent se payer notre tête en nous écoutant parler. […]
Les textes suivants sont mes notes pour des discours présentés dans un club Toastmasters d’expression espagnole de la région de Québec, le club Alegría, dont les opérations ont cessé depuis que j’en ai été membre de 2003 à 2007. Ces notes reflètent l’état de mes connaissances au moment de leur présentation :
Je suis d’ailleurs présentement engagé dans un processus de réappropriation du grec nouveau-testamentaire tout en me familiarisant avec les rudiments de l’hébreux biblique, démarches qui m’ont rappelé l’existence du clavier multilingue de Lexilogos.
La démarche d’acquisition d’une langue seconde illustrée par le présent article fait partie des approches documentées par des recherches linguistiques, comme on peut le lire dans l’essai La pratique qui favorise l’acquisition d’une langue seconde de Daniel Dumont, publiée sous Cosmos parmi les études en science sociale de Samizdat.
Cette thématique de l’Acquisition des langues secondes ou étrangères est importante pour le site Savoir et croire .ca parce que je me suis rendu compte avec les années que mon attitude envers l’acquisition d’une langue est comparable à celle que je déploie dans les autres formes d’apprentissage auxquels je m’intéresse. Ces liens entre sont mentionnés ailleurs sur ce site. Il suffit de rappeler ici que les Écritures nous invitent à joindre à notre foi une série d’attitudes et de vertus qui exigent de notre part une aspiration et un engagement soutenus vers la connaissance de Jésus Christ (2 Pi 1).
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Daniel Garneau, B Th, B Com, MA, le 29 août 2019.
Ajustements au texte pour tenir compte des liens URL obsolètes :
le 9 octobre 2023.