Au chapitre 6, « L'émotion : une porte ouverte sur le passé » de Sortir du passé - Comment guérir de nos blessures d'enfance, le psychologue Benoît Rancourt écrit, « [...] la démesure, l'inadéquation à la satisfaction d'un besoin et la répétition nous confirment un lieu de rencontre entre le passé et le présent. Ils se superposent jusqu'à se confondre. Deux possibilités s'offrent à nous : soit que le passé se répète et conduise à la même conclusion, soit que le présent offre une expérience de guérison en permettant l'intégration à la conscience d'anciennes émotions jusque-là enfouies dans nos profondeurs.

L'émotion, loin d'être un simple élément perturbateur à refouler, devient une occasion d'accéder à nos profondeurs » (p. 134).
Faire porter aux autres la responsabilité de ce que nous ressentons constitue une erreur assez courante, mais nuisible à la croissance de ceux qui pensent et agissent en s'appuyant sur ce présupposé, démontre Rancoeur, au chapitre 6 de son livre (p. 128-158).

Le comportement ou l'attitude d'un tiers à notre égard ou un ensemble de circonstances troublantes, peuvent tout au plus être des éléments déclencheurs de nos émotions, mais si nous insistons pour considérer qu'ils en sont la cause, nous sommes condamnés à rester bloquer dans des dynamiques relationnelles dysfonctionnelles alimentées au moins en partie par nos perceptions erronées.

Parmi les obstacles identifiés par Rancourt pour que nous devenions « pleinement propriétaires de nos émotions » (p. 145), se trouve la tendance à bannir les émotions comme étrangères et illégitimes pour nos vies nous incitant à vouloir les contrôler. Or les efforts de contrôle qui résultent d'un tel état d'esprit conduisent à la suppression, à la répression ou au refoulement de nos émotions, alors qu'il vaudrait mieux chercher à parvenir à une maîtrise de notre univers émotionnel fondée « sur une compétence affective permettant à la personne de canaliser, d'orienter, de moduler et d'exprimer ses émotions d'une façon appropriée aux situations » (p. 145).

« Certaines personnes sont surprises d'entendre dire que nous sommes pleinement responsables de nos émotions et que les autres n'y sont pour rien [...] Oui, autrui a un rôle à jouer dans l'émergence de nos émotions, mais un rôle fort limité : celui de facteur précipitant, d'événement déclencheur. La goutte qui a fait déborder le vase est-elle responsable du dégât d'eau sur le plancher ? [...] Accepter de devenir pleinement propriétaire de nos émotions tout en laissant à l'autre l'entière responsabilité des siennes nous aide à mieux nous positionner en définissant plus clairement nos frontières personnelles » (Benoît Rancourt, 2000, p. 148-149).

Cette synthèse et ces extraits de Benoît Rancourt vous aident-ils à réfléchir aux émotions déconcertantes que vous vivez parfois ? Achetez ou empruntez ce livre, puis enrichissez cette discussion de vos observations sur l'aide apportée par les concepts ci-dessus.

Réf. : Benoît Rancourt (2000), Sortir du passé - Comment guérir de nos blessures d'enfance, Québec, les éditions Quebecor, 213 p.