Ma définition de ce qui est bien et de ce qui est mal s'est transformée à plus d'une reprise dans ma vie. Je ne parle pas ici d'une moralité universelle, résumée dans la règle d'or – de faire aux autres ce que l'on souhaite qu'ils fassent pour nous, et d'éviter ce que l'on n'aimerait pas qu'il nous soit fait. Je réfère plutôt aux multiples décisions que nous prenons à l'intérieur des cadres d'un bien moral et éthique.
La lecture de Charles Taylor, Les sources du moi. La formation de l'identité moderne, m'a m'a aidé à mettre des mots sur cette dimension du bien dont je parle : suffit‑il de s'occuper de ses propres affaires pourvu que l'on ne fasse de tort à personne, comme je le croyais au sortir de l'adolescence ? Ou, faut-il convaincre tout le monde de l'existence de Dieu, comme cela m'a par la suite semblé évident ? N'est-on pas, au contraire, par respect pour les gens qui nous entourent, tenu de taire notre foi chrétienne, puisque cela n'intéresse personne, comme je le faisais dans la quarantaine ? Ou bien si, par respect pour soi-même, il existe des circonstances où il importe de dire qui l'on est, sans en exclure la dimension chrétienne, comme je l'ai découvert dans la cinquantaine ?
Chacune de ces postures de vie était fondée sur une vision du bien correspondant à un ensemble plus vaste de convictions intimes thématisées dans ce mémoire comme « visions » ou « modèles du monde ». En quoi ce questionnement vous rejoint-il dans votre propre parcours de vie et de foi au regard de la culture actuelle ?
Adapté de Récit et interprétation d'un parcours éducatif, p. 15; aussi accessible sur Comment sait-on?