Mes lectures de Charles Taylor et de Paul Ricoeur m'ont conduit à conclure qu'il existe des écarts non négligeables entre les modèles du monde auxquels nous adhérons, même lorsque, par exemple, seuls des Québécois adultes d’origine francophone sont en interaction.
Savons-nous identifier les distances symboliques nous séparant de nos interlocuteurs ? Savons-nous composer avec celles-ci lorsque nous interagissons avec elles ou eux ? Considérons ceci. Pour l’un, il importe surtout d’être authentique. La vérité est perçue comme étant en chacun et il nous incombe de ne pas faire obstacle à sa libre expression. Pour une autre personne, par contre, ce qui importe davantage, est de demeurer en tout temps objectif, efficient, productif, désengagé dans ses choix, afin de favoriser la mise en œuvre d’actes logiques. Pour un autre encore, sa foi religieuse marquera sa compréhension de soi et de son rapport aux autres et au monde.
Ces trois façons distinctes de voir, nommément, romantisme, rationalisme et théisme, illustrent le conflit entre les instances légitimantes actives en sourdine dans la culture occidentale contemporaine. Cette tension existe en chacun de nous et entre nous, sans que nous n'en ayons nécessairement conscience. Ces modèles sont importants, car ils déterminent, souvent à notre insu, ce que nous jugeons digne de la plus haute estime ou au contraire ce qui nous paraît méprisable.
Où se situent principalement vos allégeances au regard de ces énoncés ? Quelles effets peuvent avoir vos allégeances à ce niveau sur vos perceptions des propos tenus tenus par des personnes dont les horizons divergent des vôtres sur ce plan ? Comment suggérez-vous que l'on s'y prenne pour tenir compte des horizons divergents de nos interlocuteurs lorsque nous formulons nos propres interventions ?
Pour précisions, voir Récit et interprétation d'un parcours éducatif, p. 24-25; aussi accessible sur Comment sait-on?